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Photo d'Eric Notarianni, 2022

Claire Coupvent est née en 1982 à Nantes, elle travaille à Clichy.

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Ancienne élève de l’école d’arts appliqués Pivaut, de Nantes, elle y a perfectionné sa technique autant que sa connaissance de la composition des images.

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Elle est co-fondatrice et secrétaire de l’association Artifact qui regroupe 9 peintres. Chaque plasticien témoigne de sa pratique au travers d’expositions et d’actions artistiques collectives.

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Son travail s’articule autour du végétal, de la nature plus ou moins contrôlée par l’homme et pose la question de la place de chacun.

Enfant, elle a passé beaucoup de temps au bord de la mer et à la campagne, lieux qui lui ont permis de créer une mémoire d’images mentales de la nature et des émotions face aux paysages. Dans sa vie d’adulte, elle a pu confirmer, comme elle en avait le pressentiment plus jeune, que le jardin de son enfance, la forêt avoisinante sont des havres de paix, des lieux consolatoires et de renaissance.

 

C'est en apparence une peinture calme, sereine, sensuelle et sensible qui semble être pleine de légèreté mais elle amène des interrogations plus sérieuses sur l'impermanence de nos vies, la nature du temps qui passe et la trace que nous laisserons. 

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« on ne crée que pour guérir d'une angoisse, arrêter à mains nues les cavales de l'Apocalypse fonçant sur nous"

Christian Bobin

Regard sur l'univers de l'artiste, plus particulièrement sur son travail autour des fougères

par l'illustratrice Caroline Parent

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FILICOPHYTA

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Elle est la matière première qu’utilise Claire pour ses compositions.
Elle passe d’un environnement naturel à l’espace d’atelier où tout se transforme.
Elle, c’est Filicophyta : c’est ainsi que le latin la nomme, cette fougère que Claire part cueillir en forêt ;
car c’est par là que tout commence : une généreuse récolte de plants de fougère.

Claire nous invite dans un espace où Peinture et Nature se rencontrent, où rythmes et couleurs se combinent pour créer un spectacle vivant…
La fougère se raconte, dans ses élans et dans ses secrets.

 

Maitresse de spectacle, Filicophyta se montre à voir sous différentes robes.
Et c’est ce qui interpelle : ces différentes manières de s’imprimer sur la feuille, de se coucher sur le papier.

Tantôt elle s’élance tout de son long, dessinant une traverse dans l’espace de la feuille.
Imposant l’élégant motif de ses bras échoués, elle dépose des verts, des rouges et bruns d’automne, des jaunes pâles et des bleus profonds…
Colonne vertébrale du tableau, elle s’étire et allonge son arborescence, déployant ses petits doigts de feuilles : ce sont les frondes, qui dans l’irrégularité sensible de leur contours, apportent avec elles, peinture et couleur.
Imprégnées d’acrylique, elles déposent leur empreinte pleine et nourrie de matière.

Plusieurs fougères peuvent se donner rendez-vous dans la même composition.
Les axes des pétioles tracent leur sillon : la rectitude d’une tige épaisse - conduit fendant l’espace d’un bout à l’autre - côtoie la courbure d’une fougère.
Les Filicophytae font la parade : leurs feuilles se frôlent et s’enchevêtrent.


A d’autres endroits, La fougère se dévoile et nous invite à un espace plus intime.

Filicophyta laisse découvrir ce qu’elle porte sur le dessous de ses feuilles, ces petits sacs que sont les sores : motifs discrets, ces petits ronds ne sont pas moins la trace d’une fécondité dans laquelle la fougère se manifeste.
Ces sores apparaissent parfois dans l’intérieur creux et distinct d’une feuille, grain de peinture déposé comme un petit secret.
Sur d’autres tableaux, ces sores apparaissent en plus grand nombre. Superposés par les différents passages de fougères dans la presse, ils font naître en abondance des petits points chatouillant l’espace : ils sont un brouhaha dansé, un pépiement graphique animant le tableau.

La fougère bat la mesure : Les interstices entre les branches se serrent ou bien se distancient.
Tandis que le blanc du papier souligne la fougère dans ses contours et la fait résonner de toute sa force, les couches successives de motifs envahissent le blanc du papier, font proliférer et bruisser la matière. Ces différences d’écarts créent rythmes et variations.

Enfin, quand la peinture vient jusqu’à s’épuiser, les frondes s’impriment plus légères : la fougère dialogue avec le papier en un chuchotement sensible.
Ces contrastes de densité de matière donnent le relief aux tableaux de Claire.
Que la peinture se gorge de matière ou s’étiole, il y a un jeu de granulé que la presse met en exergue.

Cette presse que tourne Claire est un vrai passage-voyage pour Filicophyta.

Enduite d’acrylique, la fougère se pose sur une feuille préalablement travaillée à la peinture.
C’est sur ce décor que Filicophyta se glisse, prête à rentrer en scène.
Le passage sous la presse est un temps en suspens….
Claire actionne la manivelle, la fougère est pressée sur le papier et le hasard rit sous le rouleau : l’impression se laisse choir en des traces aux aléas multiples.
Ce sont ces surprises qui amènent Claire à rebondir, à retravailler le tableau dans un second passage, un troisième, ou plus encore.

 

En dernière étape, l’aquarelle vient se déposer sur la pointe des pieds, en tâches ça et là, rehaussant par sa dilution la densité de la peinture, participant au jeu de la lumière.
 

Le travail de Claire allie la force des dynamiques aux détails à fleur de feuilles.
Il est à la fois élan vital - celui de la création - et manifestation d’un espace plus intérieur.

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